Pour une autre gestion durable et sûre des matières radioactives
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Depuis cinquante ans la filière nucléaire civile et militaire accumule des quantités considérables de matières radioactives dont la nocivité est avérée. Plus que tout autre déchet, les déchets nucléaires représentent un risque environnemental et sanitaire que les industriels sont bien en peine de maitriser. Les différents sites d’entreposage et de stockage actuels ne garantissent aucunement la sureté promise à leur création et des impacts non négligeables sont mesurés régulièrement par les laboratoires indépendants évaluant la radiotoxicité.

 

Si des solutions ont été proposées pour les déchets de faible et moyenne activité à vie courte, le problème demeure entier pour les matières les plus durablement dangereuses. C’est le cas en particulier des combustibles usagers et des matériaux les plus sévèrement contaminés. A ce jour, il n’existe en france aucune installation pour la gestion à long terme des déchets classés HA-VL, MA-VL etFA-VL. Ils sont entreposés un peu partout en France sur des sites provisoires qui n’assurent pas une protection satisfaisante des populations et de l’environnement.

 

L’agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, l’ANDRA, travaille depuis vingt ans pour trouver un mode de stockage durable pour ces déchets nucléaires dans le cadre des mandats définis par les lois de 1991 et de 2006. Force est de reconnaitre qu’aucune des propositions présentées à ce jour ne fait consensus. Le débat public de 2006 sur la gestion des déchets radioactifs a mis en cause le principe du stockage en couche géologique profonde. En 2008, le stockage des FA-VL a été bloqué par une action résolue du mouvement écologiste. Aujourd’hui le débat public sur le projet Cigéo donne à voir une opposition résolue à la stratégie de l’ANDRA.

 

L’enfouissement des déchets radioactifs n’est pas une solution efficiente à la mesure des enjeux. Non seulement les incertitudes techniques, budgétaires, et en matière d’impacts économiques restent trop importantes mais le principe même du stockage en couche géologique profonde pose question. Il est urgent aujourd’hui de prendre en compte l’ensemble des problèmes inhérents à la gestion à long terme des déchets radioactifs avant d’initier des projets incertains.

 

Europe écologie Les verts (EELV) propose la suspension des projets de stockage en couche géologique profonde des déchets HA-VL et MA-VL à Bure (Cigéo) et de stockage des FA-VL à Crépy-le-Neuf et dans le canton de Soulaines. Pour EELV cette suspension est en cohérence avec son projet de sortie progressive du nucléaire, seule à même de mettre un terme à l’accumulation irresponsable de matières dangereuses et aux risques immenses auxquels elles nous exposent.

Dans le cadre du débat public sur le projet Cigéo organisé par la Commission Nationale du Débat Public, du 15 mai au 15 décembre 2013, EELV demande :

  • une étude complémentaire sur les alternatives au stockage en couche géologique profonde
  • qu’une mission de la cour des comptes soit consacrée aux coûts de la gestion des matières et déchets radioactifs en france
  • l’amélioration des conditions de stockage des déchets à Digulleville, Morvilliers et Soulaines
  • la sécurisation des centres de stockage provisoire de matières radioactives en particulier à laHague, marcoule et Cadarache
  • que soient garantis les financements de l’ANDRA pour une gestion durable et sûre des matières radioactives notamment celles qui ne sont pas aujourd’hui classifiées comme déchets (notamment stériles et résidus miniers)
  • l’arrêt de la filière de retraitement des combustibles usagers et la fabrication de mOx.*

 

Plus que jamais les déchets sont le « cauchemar du nucléaire ». La masse considérable de déchets de très longue vie laissée par l’industrie nucléaire représente une charge colossale pour l’économie française et les générations futures.

 

La nécessité de gérer ce passif si elle impose de mettre fin à la production de déchets nucléaire ne nous exonère pas de trouver des solutions efficientes pour la gestion des matières radioactives accumulées. Cigéo est « l’Arbre qui cache la forêt ». Ce ne sont pas seulement les HA-vL et les mA-vL qu’il convient de traiter aujourd’hui mais l’ensemble des matières radioactives des stériles miniers, des réacteurs, des usines d’enrichissement, des activités dites de retraitement et de la filière militaire.

 

Il est utile de rappeler, en outre, que l’accord de mandature conclu avec le parti socialiste le 15 novembre 2011, prévoit la reconversion du site de Bure en centre d’excellence pour la gestion des déchets radioactifs et le démantèlement des réacteurs nucléaires.

 

Il revient au mouvement écologiste de garantir à tous la sûreté nucléaire admise par la Charte de l’environnement et d’œuvrer à une transition énergétique qui seule peut nous prémunir du risque atomique.